19 mars 2025

Au cœur de la Moskitia hondurienne

Un accueil chaleureux dans ma maison et ma communauté

Deborah Sanchez, directrice de CLARIFI

Photo prise par Deborah Sanchez à Laka Tabila, Puerto Lempira, Honduras

En cette Journée internationale des forêts, je vous invite chaleureusement à participer à mon voyage, en partant de ma maison et de ma communauté de la Moskitia hondurienne.

Ma communauté est une petite communauté côtière, située à l'est du Honduras. Avec la célèbre lagune de Caratasca au sud et la mer des Caraïbes au nord, la communauté compte quelques maisons, une école et une multitude de pêcheurs et de membres de la communauté qui se consacrent à l'agriculture à petite échelle.

De ma ville natale, je garde de bons souvenirs de ma mère, qui a été un pilier important de la communauté. Elle ouvrait souvent notre maison aux membres de la communauté, qui venaient lui offrir de la nourriture (manioc, homard, crevettes et poulet étaient souvent au menu !), mais aussi partager leurs défis quotidiens. Krata est vraiment un endroit où les gens, la nature et la communauté se réunissent pour survivre aux difficultés de la vie et pour célébrer ses victoires.

Mais j'ai quitté cette belle communauté alors que j'étais une jeune fille, pour aller chercher ailleurs l'éducation nécessaire à mon propre développement, et j'y suis retournée bien des années plus tard, en tant que jeune femme. Forte de mes nouvelles connaissances, j'ai également pris conscience d'un fait difficile : non seulement les autres membres de ma communauté n'avaient pas accès aux droits et aux ressources qui leur revenaient de droit, mais ils ne disposaient pas non plus des fonds nécessaires pour se battre afin d'obtenir l'accès aux terres et aux ressources naturelles qui leur avaient permis de survivre pendant des générations. À ce moment critique, j'ai eu la chance de pouvoir demander conseil à mes aînés. Ils m'ont très vite appris que la sécurité sociale qui accompagne l'accès à la terre et aux ressources n'existait pas dans notre communauté. J'ai immédiatement ressenti l'urgence de faire quelque chose pour combler cette grave lacune.

Dans les années qui ont suivi, toutes les générations de la communauté se sont battues sans relâche. Et même si nous avons parfois essuyé des revers, nous avons finalement réussi à obtenir le titre de propriété de 1,7 million d'hectares de nos terres ancestrales. Le chemin a été long, mais en fin de compte, c'est notre résilience, combinée à la sagesse des anciens, qui nous a conduits à cette victoire.

Cette expérience fait partie intégrante de la raison pour laquelle je suis ici aujourd'hui, travaillant avec CLARIFI, un mécanisme de financement dirigé par des autochtones qui garantit que d'autres communautés comme la mienne ont accès aux ressources dont elles ont besoin et qu'elles méritent pour sauvegarder leurs terres, leurs droits et leur avenir. Je sais de première main à quel point il est crucial pour les communautés d'avoir cet accès. Notre mission est de donner aux communautés autochtones, afro-descendantes et locales du monde en développement les ressources dont elles ont besoin pour mener à bien leurs propres priorités. Nous leur fournissons les outils, les ressources et les conseils dont elles ont besoin non seulement pour protéger leurs terres, mais aussi pour prospérer face à des défis tels que le changement climatique, la perte des moyens de subsistance et l'appauvrissement de la biodiversité. Ce type de soutien aurait été inestimable pour moi et ma communauté il y a quelques années.

En discutant avec nos partenaires, j'entends régulièrement des histoires qui résonnent avec mes expériences. Par exemple, nous avons récemment travaillé avec les femmes incroyables qui dirigent l'Association des femmes autochtones pygmées (AFAP) en RDC. Les femmes pygmées autochtones ont été confrontées à des défis similaires à ceux qu'a connus ma communauté. Elles ont été forcées de quitter leurs maisons en raison de l'instabilité politique, à la recherche de travail et d'opportunités dans les villes voisines. Avec le soutien de CLARIFI, les responsables de l'AFAP se sont lancés dans un projet visant à améliorer leurs pratiques agricoles et à renforcer la résilience au sein de leurs propres communautés, en cherchant à consolider leurs moyens de subsistance basés sur la terre. En collaborant avec les chefs de village et les ingénieurs agronomes, ils ont pu améliorer leurs compétences agricoles et accroître la sécurité alimentaire au sein de leur communauté. Rien que cette année, ils ont récolté 200 sacs d'arachides sur seulement 5 hectares de terres, et leurs plants de bananes plantains sont florissants, avec leur première récolte à l'horizon. Pour moi, ces histoires sont incroyablement puissantes. Les femmes de l'AFAP montrent ce qu'il est possible de faire lorsque les communautés disposent des outils et des ressources nécessaires pour définir elles-mêmes leurs priorités.

Alors que nous célébrons la Journée internationale des forêts, il est important de réfléchir au rôle vital que jouent les forêts dans nos communautés. Pour de nombreuses communautés autochtones, afro-descendantes et locales, les forêts ne sont pas seulement des ressources, elles sont notre source de vie, et nous ferons tout ce qu'il faut non seulement pour les protéger, mais aussi pour qu'elles prospèrent ! Mais les forêts sont de plus en plus menacées par des forces extérieures, et il reste encore beaucoup à faire. Pour atteindre l'objectif mondial de protection de 30 % des terres de la planète d'ici à 2030, nous devons augmenter le financement des communautés de première ligne qui protègent déjà ces terres. La réserve de projets est en attente, mais nous devons veiller à ce que ces communautés bénéficient du soutien dont elles ont besoin pour réussir.

Merci à tous ceux qui soutiennent CLARIFI dans son travail, mais aussi à tous les gardiens de la forêt qui sont les champions de l'action climatique !